La fille du miroir - Chapitre 2

"Mais le ciel est déjà bien bas vois-tu et tu dois avoir quitté cette forêt avant que la nuit ne se soit couchée. Voici la 3ème règle que tu dois retenir. "


Le lendemain même, au moment où le soleil se levait, je me trouvais dans les bois. Nous étions en plein mois de décembre et le froid engourdissait mes membres. J'avais suivit ces conseils et je n'étais pas venue en pleine nuit, même si elle ne l'avait pas spécifiée je préférais ne prendre aucun risques. Demain ce sera noël, je ne pourrai pas venir avant plusieurs jours. Il me fallait donc des réponses claires au plus vite, et j'avais très peu de temps pour les obtenir. Mais il fallait qu'elle parle, j'avais besoin de savoir. La curiosité me faisait perdre la raison et j'étais devenue obsédée par l'idée de découvrir les secrets que renfermaient ce bois. 

Curieusement d'ailleurs, ce que je ressentais ne dépassait jamais ce bois, je pouvais être extrêmement effrayée ou en colère à l'intérieur, mais à l'instant ou je sortais de ce bois tout disparaissait. Rien n'était capable de me suivre au-delà de cette accumulation d'arbres et j'en était bizarrement extrêmement rassurée.

La route à présent m'était devenue familière tout comme la clairière se trouvant au bout commençait à l'être. Je n'us aucun mal à trouver le miroir, sachant sans le voir sa position dans l'espace.

Je me suis alors positionnée devant celui-ci et mon double est apparu. Il avait un sourire étrange sur le visage et semblait me sonder. Son visage était bien plus pâle qu'hier et ces yeux noirs et cernés semblaient sortir de leurs orbites. Un frisson de peur et de dégoût m'a parcouru le corps sans que je ne puisse rien y faire. Même dans l'obscurité de la clairière que le soleil n'éclairait pas encore j'ai pu voir son visage passer de l'état neutre dans lequel il se trouvait à la rage profonde.

C'est à ce moment là que le soleil a transpercé et c'est, pendant quelques secondes, reflété sur le miroir de façon à ce que je ne puisse plus rien y voir à l'intérieur. J'ai immédiatement baissée les yeux blessés par le soleil. 

Quand j'ai enfin pu les relever j'ai pu voir le reflet me fixer avec un air mi en colère mi exaspérée.

"Tu ne devrais pas venir aussi tôt, c'est dangereux."

La personne que j'avais en face de moi n'avait plus rien à voir avec la chose que j'avais vu précédemment dans le miroir. Elle semblait être redevenue l'être parfait que je connaissais, ou du moins croyait connaître.

"Qu'as-tu vu dans ce miroir ?

- Je t'ai vu toi.

- Impossible. Ce n'était pas moi. Je ne peux pas sortir tant que le jour n'est pas.

- Alors je me suis vue moi.

- Ce miroir ne peut pas t'avoir renvoyé ton reflet.

- Un miroir ne ment pas.

- Impossible. Tout ceci n'a aucun sens. Ce n'est pas possible ! Dis moi ce que tu as vu.

- Je me suis vue moi ! Enfin.. je me suis vue moi, je t'ai vue toi, je l'ai vue elle, cette chose. Mais elle avait des yeux vides de toute émotion et un teint cadavérique. On aurait dit qu'elle voulait me tuer, et bien pire encore. Et son sourire.. son sourire était insupportable, il était mauvais. Son sourire ne reflétait que de la haine.

- Tu ne devrais vraiment pas venir ici aussi tôt."

Une idée me vient alors à l'esprit; j'allais lui renvoyer la pareille.

"Tu te connais en légendes ?"

Elle paru surprise par ma question et mis un moment avant de me répondre. Je pense qu'elle réfléchissait à la réponse la plus adéquate.

"Je pense qu'on ne peut jamais vraiment connaitre ce sujet.

- Et bien laisse moi te raconter une histoire pour une fois. Il existe un mythe indien. Le mythe des attrapes-rêves, tu dois certainement connaître. Cette légende explique leur fonction. Pour fonctionner, un attrape-rêves à besoins de rêves. Les songes la nuit venues, avant de pénétrer l'âme et l'esprit d'une personne endormie, passent pas les attrapes-rêves. Ceux-ci ont une fonction de filtre. Les bons rêves ressortent par les plumes et les mauvais se coincent dans les pierres et sont détruits par la lumière du soleil.

- Je ne comprends pas vraiment pour quelle raison tu viens de me raconter tout cela.

- Parce que je pense que ton miroir agis de la même façon.

- Poursuis..

- Je pense que ton miroir joue le rôle d'un attrape-rêve mais pour les esprits, et la lumière du matin dissous les plus mauvais.

-Je suis désolée, mais je me vois forcée de t'arrêter. Dans ce miroir ils sont tous plus mauvais les uns que les autres, et je domine peut-être le jour venu, mais quand la nuit tombe ils reprennent la place qui leur est due. Ils sont simplement trop "maléfiques" et trop peu puissants pour pouvoir apparaître en plein jour. Un peu comme dans Beauté, le personnage peut importe ces choix se retrouve sans cesse confrontée à la partie la plus maléfique d'elle même.

- Tu vis avec eux ?

- Comme nous vivons tous entourés de montres.

- Je ne vis pas entourée de monstres.

- Bien sur que si, ta tête elle même en infestée. J'y ressens tant de choses qui te hantent et t'empêchent d'avancer du mieux qu'elles peuvent. Et tu te dois de te débarrasser de ces bêtes là.

- Je ne sais pas comment m'y prendre. Je ne sais pas comment oublier le mal qu'il y a eu dans mon passé.

- C'est parce que tu ne dois pas oublier, tu dois accepter et pardonner. Dans ta vie tu seras sans cesse confrontée au mal. Mais tu dois y faire face et non le fuir si tu veux avancer.

- J'aime beaucoup nos discutions.

- Tu devrais venir plus souvent alors, je sais être de très bons conseils et je peux parler de sujets très variés !

- Et tu es très modeste aussi !"

Un rire c'est échappé de ma gorge au moment où je prononçais cette phrase. Je commençais à l'apprécier finalement. Elle n'était pas si méchante/effrayante que ça finalement. Du moins à première vue.

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