La violence est-elle un mal nécessaire ? - Philosophie

 

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La violence existe sous différente formes. Elle peut être individuelle ou étatique, physique, mentale ou spirituelle… La violence se définit par l’utilisation de force, de pouvoir (physique ou psychique) afin de contraindre, dominer, protéger, tuer, détruire ou endommager. 

La nécessité quand à elle est ce qui ne peut pas ne pas être ou ce qui ne peut pas être autrement. L’expression “un mal nécessaire” donne déjà une connotation négative à la violence et désigne un mauvais acte qui doit être fait afin d’atteindre un but considéré comme juste.

Toutefois, la violence existant sous de nombreuses formes, les définitions que nous pouvons lui donner ne peuvent qu’être incomplètes et pour l’analyser nous ne devons retenir que certains aspects de la définition.

Certains la rejettent au profit du pacifisme ou au nom du respect des individus, d’autres au contraires pense qu’elle est nécessaire pour le bien être de la société et des êtres humains en général. Pour l’avancée du monde, la violence peut être obligatoire.

Nous pouvons donc nous demander : L’utilisation de la violence est obligatoire ou si a contrario nous pourrions nous en passer ?

Nous allons dans un premier temps nous montrerons que celle-ci est nécessaire à l’accomplissement de l’homme et de son environnement, et que nous ne pouvons pas faire autrement qu’avec la violence pour y arriver. Puis, nous expliquerons qu’elle est contingente et qu’il faut la rejeter au nom du respect ou du pacifisme.



 

Pour commencer, nous allons montrer que la violence est nécessaire à l’accomplissement de l’homme et de son environnement. La violence chez l’homme peut être le fruit de la société. 

Tout d’abord, Hegel souligne le rôle constructif qu’a joué la violence dans l’histoire. La liberté par exemple s'est gagnée dans un combat entre celui dont la liberté est niée et celui qui la nuit. Autrement dit, la violence la violence devient ici une nécessité dans l’histoire universelle, c’est-à-dire l’histoire de chacun. Pour-lui, si l’humanité veut progresser, elle doit réaliser de grands bouleversements parce que c'est ainsi qu'elle peut facilement l'atteindre. L’auteur établit aussi une distinction entre le despotisme et la tyrannie. Les deux formes politique ont en commun qu'elles s'expriment par une violence exercée par un souverain sur son peuple. Mais dans le despotisme, la violence est injuste et superflue, alors que dans la tyrannie, la violence est nécessaire et justifiée : « ce pouvoir n'est pas le despotisme mais la tyrannie, pure domination épouvantable, mais elle est nécessaire et juste dans la mesure où elle constitue et conserve l'Etat en tant qu'il est cet individu effectif ». Hegel ne justifie pas donc toutes les formes de violences et ne cautionne l'utilisation de la violence par le tyran que lorsque celle-ci est nécessaire, c'est-à-dire lorsqu’elle conserve le mode de gouvernement et permet la défense de l’Etat.

Ensuite, Marx quant-à-lui souligne son rôle moteur. C'est elle qui, selon-lui, fait avancer le monde et permet d’accoucher d’une société libre. Beaucoup critiqué pour ses propos parfois jugés extrémistes il écrivait “il n’y a qu’une seule façon d’abréger [...] les souffrances meurtrières de l’ancienne société et les douleurs sanglantes de la nouvelle, et c'est la terreur révolutionnaire”. Il cherchait à transformer radicalement la société en appelant à la violence afin de renverser les classes. Pour se faire il s’adressait essentiellement à la classe moyenne. 

Enfin, pour Machiavel cette cruauté doit être utilisée si son objectif est la paix. Il écrit un traité politique nommé Le Prince dans lequel il explique comment atteindre le pouvoir et s’y maintenir, mais aussi les rapports qu’il faut avoir avec la violence pour gouverner. Il explique ainsi qu’il faut se montrer cruel si la situation l’exige, argument que nous développerons plus tard. Pour lui, il existe deux manières de combattre : avec les lois et avec la force. La première est propre aux hommes, l’autre est commune aux animaux. Lorsque les lois sont impuissantes, il faut recourir à la force. Machiavel explique ainsi les situations dans lesquelles il faut recourir à la force, il faut se défendre et pour se faire il faut attaquer avant d’être attaqué. La violence sert ainsi de défense et la guerre maintient la paix. Toutefois, il est important de noter qu’à aucun moment la guerre n’est valorisée en tant que telle. Ainsi, l’homme doit être partagé entre deux rôles : le renard, rusé, qui combat avec la loi et le lion, brave, qui combat avec la force.

Mais, elle peut aussi être innée, comme lorsqu’elle est le fruit de la société, elle est inévitable et nécessaire. 

Tout d’abord, “Homo homini lupus”, “l’homme est un loup pour l’homme” dit-Hobbes. Lorsque les hommes vivent en société ils s’affrontent afin de préserver leur propre nature. L’état de nature, de guerre et de violence condamnent l’homme à une existence quasi animale. Mais pour le philosophe il existe des moyens d’éviter ces violences : la création d’un état. Car l’homme est l’ennemi de l’homme s’il n’est pas contrôlé, et les sanctions permettent ce contrôle. Pour lui, “L’Etat, cette création humaine, est destiné à mettre fin à la barbarie naturelle.”. Hobbes écrit dans Léviathan que les hommes à l’état de nature ne cherchent qu’à survivre et à défendre leurs intérêts. Une insistance supérieure doit alors pacifier la société, en utilisant si besoin la violence pour pacifier les plus récalcitrants. Cette insistance est souvent l’état c'est-à-dire, selon Weber, une communauté humaine qui revendique le monopole de l’usage légitime de la force physique sur un territoire donné. La violence est donc, selon cette définition, nécessaire à l’exercice de l’autorité de l’Etat

Cette expression définit la caractéristique essentielle de l'État en tant que groupement politique comme le seul pouvant utiliser la violence physique sur son territoire. À l'occasion d'une conférence sur «le métier et la vocation d'homme politique», Weber cherche à définir quel groupement politique qui lui semble le plus digne d'intérêt. Observant que l’État exerce des activités identiques à celle d'autres formes de communautés humaines, il affirme qu'il faut chercher sa spécificité ailleurs que dans ses activités. Du point de vue sociologique, le propre de l'État se trouve en réalité dans l'un des moyens qu'il emploie : il est le seul groupement à bénéficier, sur son territoire, de la violence physique légitime. Cette violence est nécessaire à sa défense et à la protection de ses habitants car “malheureusement, il y a des moments où la violence est la seule façon dont on puisse assurer la justice sociale” selon Eliot.

Certains ont alors tenté de comprendre pourquoi l’homme se comportait ainsi. 

C'est le cas de Freud qui a donné sa réponse au cour de deux topiques. Il a donné une première réponse en affirmant que la violence en l’homme qu’il doit impérativement faire sortir venait d’un refoulement. Un désir qui ne pouvait pas voir le jour pour diverses raisons et qui se transformait en frustration en faisant peu à peu augmenter la pression jusqu’à ce que celle-ci devienne trop haute. Cette pression donne, selon-lui, lieu à des agressions ou de la violence. Toutefois, cette cause n’était pas légitime pour lui, tout comme son explication lui paraissait erronée. Car, si il est vrai de dire que certaines personnes commettent des violences suite à des refoulements, il serait faux de dire que c'est le cas de chacun. Il a donc écrit une seconde topique complétant cette première. Freud écrit alors que deux pulsions s’affrontent en nous : la pulsion de vie qui représente la recherche dû plaisir, la conservation de soi, la libido… et la pulsion de mort, qui cette fois n’est pas le produit d’un refoulement mais quelque chose que l’on a en nous. Elle nous donne envie de détruire ou de tuer, et nous voyant dans l’incapacité de l’éradiquer, nous nous devons de la maîtriser. Mais “le moi n’est pas maître dans sa propre maison” et cette pulsion finit toujours par reprendre le dessus. Le rôle de la civilisation est de l’éloigner au maximum, mais croire que la violence est entravée n’est qu’une illusion.

Nietzsche à son tour a tenté de donner des éléments de réponse à la violence de l’homme. Pour lui, l’homme prend plaisir à infliger des souffrances, c’est donc contre-nature pour lui d’essayer de taire cette partie de nous-même. Toute tentative de rallier les hommes est forcément liée à une mise à l’écart d’un autre groupe : comme par exemple la religion, qui réunit les croyants de cette religion, mais qui exclut les non croyants et les croyants d’autres religions, pouvant même créer des tensions et des guerres par la suite. La violence est ici inconsciente, et si l’homme veut quelque chose alors il ne se rendra même pas compte du mal qu’il fait suite à cette impulsion. De plus, «On n'attaque pas seulement pour faire du mal à quelqu'un mais peut-être aussi pour le seul plaisir de prendre conscience de sa force.», l’homme est violent autant par plaisir que par nécessité.

 

Si la plupart des penseurs ont souligné le rôle moteur de la violence dans l’avancée des sociétés ou des rapports humains, certains philosophes rejettent la violence au nom du respect des individus ou du pacifisme. Nous allons ainsi montrer que la violence est quelque chose de contingent.

Pour commencer, Jankélévitch a donné une définition à la violence et dit d’elle : “il ne serait pas exagéré de définir la violence comme une force faible”. C’est à dire une force dont l’homme abuse au détriment des plus faibles. Elle bafoue les droits de l’autre et se traduit par l’usage de la force brutale ou par l’intimidation. C'est la force et l’arme des faibles, un signe d’échec du dialogue, de la communication. Le philosophe pense aussi que la morale est plus importante que tout : l’homme peut, grâce à la morale, être supérieur à ses pulsions primitives. La violence n’est donc pas un mal nécessaire mais ça demande du travail pour l’éradiquer.

Ensuite, Sartre à son tour s’est opposé à la violence et a tenté de montrer que celle-ci n’était pas nécessaire. Pour lui, la violence est injuste et c'est un véritable échec. La violence entraîne la violence. Il dit à ce sujet que “la violence n’est pas un moyen parmis d’autres d’atteindre la fin, mais le choix délibéré d’atteindre la fin par n’importe quel moyen”. De plus, l’homme est libre, et si il est violent, c'est qu’il a choisi de l’être. Bien entendu, la conscience peut choisir en feignant de ne pas être libre, mais ce mensonge à soi même et sur soi même est de la mauvaise foi. Ainsi, il a pris pour cible la violence imposée de façon structurelle par des systèmes sociaux fondés sur l’inégalité, et pensait que l’existence même d’autrui est violence en ce qu’il porte un regard, une objectivité sur soi. Cette violence permet néanmoins d’entrer en communication avec autrui car c'est aussi ce qui nous rapproche.

De plus, Rousseau pense qu’il est possible de vaincre le mal et donc la violence. Tout comme Hobbes il dit que l’Etat, la civilisation est le seul moyen d’y remédier, en créant une société dans laquelle l’homme  puisse se reconnaître lui-même, obéir à la loi, et en même temps, être libre. Il développe l’idée de Hobbes selon laquelle il devrait y avoir un “souverain” et des “sujets”, peuples soumis aux lois de l’Etat. Toutefois, Rousseau contredira Hobbes lorsqu’il dit que l’état de nature condamne l’homme à une existence quasi animale en utilisant le mythe du bon sauvage. Un homme qui vit libre du péché originel, sans pudeur, sans gourmandise, sans luxure, sans propriété privé.. Et qui vit dans un paradis perdu qui pourvoit à tous ses besoins. Cet homme pur et innocent vécu la période la plus heureuse de l’humanité. De plus, pour Rousseau, l’homme peut évoluer en bien, mais aussi en mal puisque la créativité humaine se double de la formation du mal social. Selon lui la propriété représente le terme de l’état de nature. Et le premier qui dit “ceci est à moi” fut le vrai fondateur de la société civile. La société civile, régie par la violence, la force déchaînée, sans nul recours au droit, tend au despotisme, sa forme extrême, qui lui est quasi inhérent. Le despotisme est une autorité politique, ne se soumettant pas à loi, se mettant au dessus d’elle, et usurpant le pouvoir souverain.

Enfin, Ganhi a été un des plus fervents opposant à la violence. Il dit ceci à son sujet “Je m’oppose à la violence parce que lorsqu’elle semble produire le bien, le bien qui en résulte n’est que transitoire, tandis que le mal produit est permanent”, il faut donc trouver un autre moyen, un moyen non-violent de régler les problèmes. Gandhi a milité pour l’indépendance de l’Inde de façon non-violente et a fait de nombreuses grèves de la faim lors de ses emprisonnements. Il préconise la désobéissance passive et collective pour lutter contre les discriminations. Ainsi que la non-participation c’est-à-dire le refus des décorations ou le boycottage des produits anglais, et prescrit même la grève des impôts dans le district du Gujarat. Il a aussi créé le concept de non-violence c'est à dire une opposition à la violence sans nuire ou causer de tort à autrui.

Pour finir Andrzej Sapkowski, le célèbre auteur des livres du Sorceleur aussi connu sous le nom de The Witcher, adaptés en livre et en jeux vidéo, a dit ceci au sujet de la violence : “le mal est le mal, qu’il soit moindre, suprême, moyen, ils se valent tous.”. Le mal, peut importe son impact, n’est pas nécessaire car le mal reste le mal, et même utilisé pour faire le bien, le mal n’en produira finalement pas. Il faut donc s’opposer à toute sorte de violence, même moindre, si l’on veut avoir quelque chose de bien.

La violence est elle donc un mal nécessaire ? Nous avons pu comprendre tout au long du devoir la difficulté qu’il y existe à discerner les différents types de mals les uns des autres, et donc à définir si ceux ci sont nécessaires ou non. 

Notre travail a, en tout cas, cherché à démontrer que si la plupart des philosophes soulignent le rôle indispensable de la violence dans l’avancée des sociétés ainsi que la nature violente de l’homme, certains penseurs au contraire montrent sa contingence et prouvent qu’il est possible de faire autrement, avec des moyens non-violents. 

Nous pourrions toutefois nous demander : e

Est-ce-que nous pourrions vivre, ou survivre, dans un monde totalement dénué de violence ?

 

 

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