Méo ramasse et consigne les canettes des autres depuis deux ans pour des raisons financières. Cette situation est celle de nombreuses personnes se lançant dans cette activité au Québec.  

Méo vit des consignes des autres./ Galane Maréchal

Valoriste est le nom donné aux personnes qui récupèrent sur une base régulière les matières consignées, et plus largement recyclables ou réutilisables, pour des raisons économiques, sociales et/ou environnementales. Mais « la majorité des valoristes sont des gens qui ont une précarité financière, qui ont des difficultés à intégrer le marché de l’emploi. Ils ont trouvé à travers cette activité le moyen d’arrondir les fins de mois », indique la coordinatrice de la Coop Les Valoristes, Marica Vazquez Tagliero. 

 

Méo fait ce métier en attendant de recevoir une compensation de la Société de l'assurance automobile du Québec, à la suite d’un accident de vélo. Il s'est fait rentrer dedans, et depuis il est invalide pour travailler. Il a mal au bas du dos et est encore marqué au bras. Étant au chômage, il reçoit 180 $ par mois mais ce n'est pas suffisant pour vivre. C'est pour cette raison qu'il collecte les canettes consignées, pour lui apporter une aide financière supplémentaire. Il gagne 20 à 25$ par jour. Cet argent lui permet de s'acheter un paquet de cigarettes et de la nourriture. 

 

Il est passé 20 heures, Méo se dirige vers le Maxi de Jonquière avec un panier récupéré pour transporter ses deux sacs poubelles remplis de canettes. Habitué, il utilise deux machines à consigne pour déposer ses canettes plus rapidement. Les machines rejettent souvent les contenants. Certaines passent, d'autres non, celles pas encore référencées ou trop cabossées. Pourtant, à la fin elles finissent écrasées par la machine.

 

Méo vient régulièrement consigner les canettes qu'il a trouvé au Maxi./ Galane Maréchal

 

Des organismes comme la Coop Les Valoristes et Valoristes Québec mettent en lumière ces personnes et facilitent leur travail avec leur propre centre de consigne. Ils existent pour répondre à une observation : « La plus grande difficulté rencontrée par les valoristes est la vente des contenants », explique Marica Vazquez Tagliero. 

 

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Cohabitation difficile avec les valoristes 

 

Les détaillants sont tenus de reprendre tous les contenants portant la mention « Québec Consignée XX¢ Refund ». Seulement, ce n’est pas une activité rentable pour eux. « Le détaillant ne fait que deux sous de bénéfice par consigne, ce n’est pas une source de revenus importante, explique l’ancien superviseur général du département de services du Maxi de Jonquière, Laurent Lajeunesse. Aussi, la première chose que les clients voient en entrant dans le Maxi, ce sont les ramasseurs de canettes. Ça donne une mauvaise image de l’épicerie puisqu’il y a des odeurs et parce que visuellement ce n’est pas attractif. » 

 

Les sacs nécessitent d'être changés plusieurs fois dans la journée./ Galane Maréchal

La consigne demande du temps au détaillant. Les machines sont souvent pleines, mais le commis de service, qui doit changer les sacs, n’est pas toujours disponible. Il faut aussi rentrer à la main tous les codes-barres des canettes consignées sur la machine. Ce processus est long puisque chaque marque et chaque sorte de canettes ont un code barre différent.  

 

« Quand les gens jettent leur contenant consigné dans la poubelle, ils sont en train de jeter de l’argent dans la rue. Peut-être qu’eux ne le voient pas, mais d’autres oui. C’est une opportunité pour les valoristes. C’est comme si je jetais dans un sac de déchets ou de recyclage 5 sous. », décrit Marica Vazquez Tagliero. Elle ajoute : « les personnes qui ne veulent pas retourner leur contenant peuvent les mettre dans un sac à côté de leur poubelle pour faciliter le travail des valoristes. » 

 

« Sans mes clients, je ne me fais pas d’argent », explique Méo. Ses clients, comme il dit, sont des connaissances, des amis, qui lui mettent de côté leurs canettes qu'il récupère généralement à l'arrière des maisons, à côté des bacs de déchets. ll s’est déjà fait questionner à plusieurs reprises par la police lorsqu'il rentrait sur la propriété des gens pour récupérer ces sacs ou lorsqu’il transporte un panier dans la rue. 

 

Un métier bénéfique pour l’environnement 

 

« Les valoristes font un très beau ménage de la ville. Plusieurs des contenants qu’ils consignent pourraient être amenés à l’enfouissement alors que l’aluminium est recyclable à l’infini », témoigne avec reconnaissance la coordonnatrice de Valoristes Québec, Véronique Demers. 

 

La loi sur la consigne existe depuis 1984. Pour la première fois depuis son implantation, elle va être modernisée. A partir du premier novembre 2023, un nouveau système de consignes entrera en vigueur. Tous les contenants de boissons de 100mL à 2L, en plastique, verre, métal et carton seront consignables. Les contenants multicouches seront intégrés à la consigne en novembre 2025.  

 

C’est donc quatre milliards de contenants de boissons qui seront consignés contre 2,4 milliards aujourd’hui, selon Recyc-Québec. Le montant de la consigne sera également uniformisé à 0,10 $ et 0,25 $ pour les contenants en verre de 500 ml et plus. L’objectif est d’atteindre 75% des contenants consignés en 2025 et 90% en 2030. 

 

 

Galane Maréchal  

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